Extrait du livre Thésée d'après l'œuvre de Plutarque
Thésée d'après l'œuvre de Plutarque
de Rafik Bougueroua
aux éditions Amaterra
1
Il y a très longtemps, la terre de Grèce était peuplée de héros si extraordinaires que, de leur vivant, le monde bruissait déjà de leurs exploits.
À Trézène, petite cité du Péloponnèse, un enfant nommé Thésée avait grandi avec ces récits et ne se lassait pas de les écouter. Le héros qu'il admirait le plus était Héraclès, célèbre pour sa force et son courage. Chaque jour, Thésée et ses amis jouaient à répéter ses prouesses.
Dans ces moments de jeu, le jeune garçon semblait insouciant, mais ce n'était qu'une apparence. Un problème le taraudait : il ignorait qui était son père et seule sa mère, Aïthra, aurait pu le dire. Or, elle était inflexible :
- Le nom de ton père est un secret que j'ai juré de garder. Je ne peux pas te le dire, pas maintenant.
- Quand alors ? insistait-il.
- Quand tu seras prêt à l'entendre.
Un jour, Pitthée, le grand-père de Thésée, le fondateur de Trézène, le prit sur ses genoux :
- Mon petit, je sais ce qui te trouble. Eh bien sache que toi aussi, comme Héraclès, tu es le fils d'un dieu.
- Zeus ? demanda-t-il, ébahi.
- Non, répondit Pitthée après une hésitation. Ton père est le frère de Zeus, Poséidon, le protecteur de notre cité, le dieu des mers.
Et pendant quelques années, Thésée le crut.
2
En grandissant, Thésée se mit à douter de l'histoire de Pitthée.
Et si son grand-père ne l'avait inventée que pour lui faire plaisir ?
Thésée réfléchit : "Si Poséidon est mon père, comme grand-père le raconte, pourquoi ma mère me le cacherait-elle ? C'est un honneur d'être lié à un dieu."
Une pensée affreuse naquit en lui ce jour-là. Et si son père était en réalité un criminel ? Cela expliquerait que sa mère taise son nom. Et si c'était pire encore ? Si c'était un monstre ?
Et plus il essayait de fuir cette idée, plus elle l'obsédait. Il devint solitaire et sauvage. Il passait son temps dans la forêt, à manier les armes, à courir et à chasser. Le soir, épuisé, il parvenait à s'endormir, mais ses craintes revenaient le hanter dans ses cauchemars.
Un jour qu'il était à la chasse, il transperça de son javelot un énorme sanglier. Il le mit sans difficulté sur ses épaules et le rapporta chez lui. Comme l'animal aurait fourni trop de viande pour la maisonnée, il le découpa en quartiers qu'il alla offrir aux familles pauvres.
Après cela, il ne se passa pas un jour sans que le jeune homme fît une action de valeur et aidât ceux qui en avaient besoin. Son coeur s'apaisa.
Aïthra vit qu'à sa force s'étaient ajoutées la sagesse et la grandeur d'âme. Le moment était venu.
- Suis-moi, lui dit-elle.
Aïthra et Thésée prirent le chemin des bois. Au détour d'un sentier, Aïthra s'arrêta devant un grand bloc de granit.
- Soulève cette pierre, dit-elle.